Né à Paris en 1916, prisonnier en Allemagne de 1940 à 1945, Léo Kourland a fait carrière dans une société d’assurances et est aujourd’hui retraité. Utilisant des éléments biographiques authentiques dont il a eu le privilège de disposer, l’auteur évoque, dans un récit romancé, l’existence d’une famille de paysans russes, dont le chef refuse de se plier à la collectivisation imposée par le Pouvoir stalinien et les dramatiques conséquences qui en résulteront, pour lui-même et pour les siens. Les faits relatés se déroulent de 1932 à 1942. L’auteur n’entend nullement se poser en détracteur d’une doctrine politique spécifique. Il souhaite simplement, transcendant le récit, soulever le problème des contraintes que, détenteur du Pouvoir, l’homme impose à son semblable, au nom de la « raison d'État », au mépris bien souvent de toute justice, morale ou sentiment, contraintes dont les limites permissives sont d’ailleurs difficiles à déterminer. Il est indéniable que la politique, et ce n’est pas nécessairement l’apanage des seuls régimes totalitaires, s’inspire de Machiavel plutôt que de la Bible : « La fin justifie les moyens. » Et, en corollaire : « L’intérêt prime les sentiments », telle est la règle d’or généralement prônée. En proclamant que la justice, la justice sans aucune compromission, doit guider les détenteurs du pouvoir, le texte biblique cité en exergue nous met en garde contre des rapports humains établis sur de telles bases et, si l’on veut bien y réfléchir, cette absence fréquente de justice n’est-elle pas l’une des causes - et non la moindre - du malaise moral dont souffre notre civilisation ? Que le lecteur, en refermant ce livre, veuille bien méditer sur ce problème.