Noël Favrelière est ce rappelé de la guerre d’Algérie, dont le témoignage constitue un des moments les plus émouvants du film “Français, si vous saviez”. Son histoire ? Simone de Beauvoir devait la résumer dans un article paru dans Le Monde : “On lui confie la garde de deux combattants du FLN ; l’un d’eux est précipité du haut d’un hélicoptère ; l’autre, le capitaine, annonce qu’il est bon pour la “corvée de bois”. Qu’il tue lui-même son prisonnier ou qu’il le livre à un tueur, à l’aube, Favrelière sera un assassin : pendant la nuit, il s’enfuie avec le jeune Musulman. C’est une désertion avec emport d’armes et, le 19 mai 1958, il est condamné à mort par contumace. Cet ouvrage est donc le récit d’un déserteur. Sa prise de conscience d’un combat douteux et des mensonges sanglants de la “pacification”, sa fuite harassante dans le désert avec celui qu’il a sauvé ; sa vie auprès des révolutionnaires algériens, dont il épouse la cause sans participer à leur combat. Un déserteur qui n’a vocation ni d’idéologue, ni de martyr, qui est, au contraire, un homme comme tant d’autres, un homme simplement, que les circonstances amènent à choisir et qui refuse de se laisser imposer l’injustice et le crime, au péril de sa vie. Mais "Le déserteur" ne fait pas que nous restituer l’itinéraire d’un choix exigeant et difficile. Il constitue, en plus, un irremplaçable document historique sur l’armée de la “pacification” et les combattants algériens tout d’abord, mais également sur la vie clandestine de ces Français rejetés par leur pays, jusqu’à ce que la marche de l’Histoire ait rendu “nulles et non avenues” les poursuites que leur avait values le fait d’avoir placé, au-dessus de tout, le devoir d’humanité.