Noël Roquevert avait déclaré, au début des années trente, qu'il ne serait jamais un acteur de cinéma. Seul le théâtre l'attirait. Il avait débuté tout enfant sur la scène en tenant le rôle... féminin de la petite Aurore de Nevers dans « Le Bossu ». Par la suite, il interpréta, en province, le personnage du Christ, puis joua des caleçonnades vaudevillesques au théâtre du Palais-Royal à Paris. Son rêve était d'incarner « Cyrano de Bergerac ». Le destin en décida autrement. A partir de 1938, Roquevert ne put résister à l'appel des sirènes des studios cinématographiques où il fit une carrière spectaculaire. Avec un œil en vrille, des sourcils en forme d'accent circonflexe, une moustache baladeuse et une voix d'un autoritarisme péremptoire, il devint, sous les traits de badernes, de ganaches, de matamores et de vieux ratapoils exemplaires, le symbole du pète-sec, de la soupe-au-lait et du râleur impénitent. Il fut paradoxalement un second rôle... de premier plan et son talent put enfin se manifester.Sacha Guitry n'hésitait pas à déclarer qu'il était un « comédienné ». Et Louis de Funès reconnut qu'il avait appris son métier en le regardant sur l'écran. Il ignora toujours qu'il était l'acteur favori de Jacqueline Kennedy qui retrouvait dans son image celle du Français moyen à peine caricaturé.Aussi volubile dans la vie que sur l'écran, Noël Roquevert était un conteur intarissable d'anecdotes. Il les a livrées à Yvon Floc'hlay, un de ses jeunes amis de Douarnenez dont il avait découvert, avec Georges Van Parys, les qualités de compositeur musical. C'est le fruit de ces entretiens que Yvon Floc'hlay nous livre ici, dans « Noël Roquevert, l'éternel rouspéteur », un recueil de souvenirs pittoresques, cocasses et extravagants, évoqués à l'occasion du tournage de 180 films.