Le Languedoc est si éloigné de Paris et du pouvoir central, que les événements qui s’y déroulèrent jadis ont rarement retenu l’attention des historiens. Il en est ainsi de la bataille de Toulouse du 10 avril 1814 et, plus encore, de l’insurrection royaliste de l’An VII, qui sont - de ce fait - largement méconnus de nos jours, y compris dans la région Midi-Pyrénées qui en fut le théâtre privilégié. Les rares publications consacrées à l’insurrection peuvent être classées en deux catégories : 1/ les mémoires des protagonistes et les récits des témoins, 2/ les études historiques. Dans le premier groupe nous connaissons : le “Mémoire sur l’insurrection royaliste dans le Midi de la France et, notamment, dans le département de la Haute-Garonne en 1799” par le Baron Rougé, publié en 1837, plaidoyer pro-domo mais aussi règlement de compte, à prendre donc avec réserve ; “La vérité sur l’insurrection du département de la Haute-Garonne” par Hinard, publié dès nivôse An VIII, pamphlet haineux anti-jacobin, sans grand intérêt autre qu’anecdotique ; les “Mémoires secrets de l’Abbé de Montgaillard” ; l’“Histoire de Toulouse” de Jean-Baptiste Auguste d’Aldeguier qui, s’il n’y participa pas lui-même, fut contemporain des faits. “L’insurrection royaliste de l’An VII à Toulouse”, d’après les mémoires inédits du Général Pelet (1777-1858), publié en 1908 par Félix Pasquier, texte de deuxième main, écrit à partir des mémoires très imprécises rédigées vers la fin de sa vie par ce général. Autre témoignage de deuxième main, la notice consacrée à l’histoire de Montréjeau, publiée sous la signature de M. le Baron de Lassus dans la “Revue de Comminges” du 2e trimestre 1896. L’auteur consacre dix-sept pages à l’insurrection, à partir des “Notes manuscrites” et “Mémoires” de son grand-oncle, M. le Baron de Lassus-Camon, qui eut le privilège - dont il se fut sans doute passé - d’abriter tour à tour dans sa maison les états majors royaliste et républicain. Dans le second groupe, l’unique étude historique qui vaille d’être retenue, est l’“Histoire de l’insurrection royaliste de l’An VII”, ouvrage aujourd’hui introuvable, écrit par M. Lavigne, qui fut sous-préfet de Saint-Gaudens en 1871, et qui parut en 1887 à Paris chez Dentu. L’ouvrage de l’Abbé Lacouture : “Le mouvement royaliste dans le sud-ouest 1797-1800” mériterait également d’être cité pour sa documentation, mais il pêche par le parti-pris évident de l’auteur. Signalons enfin quelques articles que l’on doit à l’Abbé Dieuzaide, à l’Abbé Aragon, au Dr. Geeswind. Dernier auteur en date, le Professeur Jacques Godechot n’accorde que dix pages à ces événements dans son ouvrage “La Révolution française dans le Midi toulousain”. Les incidences que l’échec de l’insurrection devait avoir sur les destinées de notre pays, méritaient un autre traitement, comme nous le démontrerons.