Le "Concerto pour la jambe gauche et pour cannes anglaises", dont la structure surprendra le lecteur, veut être un témoignage total sur l’hémiplégie, c’est-à-dire, pour l’auteur qui, dans l’affaire, fut aussi le « patient », une maladie ambiguë, méconnue dans ses aspects tant psychologiques que physiologiques. Qu’il s’agisse de la structure ou du style, l’auteur a voulu se garder de céder à la facilité. Il a, au contraire, voulu tenter d’innover, en privilégiant la structure même comme moyen d’expression. C’est pourquoi on y trouve la juxtaposition d’éléments divers : lettres, souvenirs, journal, poèmes, parodie de fable, etc., au travers de laquelle on assiste à la déstabilisation d’un homme — habitué, par profession, à dominer des événements de toutes sortes — constamment changé de lit, lieu et milieu, sans logique apparente, comme un pion sur les cases d’un grand « jeu de l’oie ». L’auteur superpose et entremêle trois rythmes : le premier est celui des étapes de la partie de colin-maillard à laquelle il « joua », avec quelques comparses, durant ses séjours à l’hôpital, à la clinique puis, lors du retour à la maison, jusqu’à sa rencontre, déterminante, avec l’homme qui savait. Le second est le rythme naturel des vies « courantes », celui des (longs) jours et nuits parfois blanches. Le troisième rythme est celui des épisodes variés et imprévus, drôles ou humiliants, selon l’humeur du « patient », qui n’a cessé de troubler les deux autres...