Sur le lac Huleh, la voile du pêcheur Ali, rougie par le soleil couchant, apparaît à Rachida, la jeune Arabe, comme une tache de sang, un affreux présage, qu’elle repousse aussitôt pour ne plus penser qu’à son amour pour le Juif Mathias et à l’affection de sa mère qu’après une scène douloureuse elle croit naïvement avoir recouvrée. Et cependant, la haine veille et agit ; haine maternelle, haine mutuelle de deux races. Le présage se fait réalité. Dans la guerre qui va s’allumer, ni l’amour ni l’idéal de réconciliation n’auront leur place. La jeune fille est trahie par les siens, et le Juif, en se faisant leur complice involontaire, risque de compromettre la grande œuvre de son peuple. Mettant à profit les quelques instants que les deux amants ont cru pouvoir s’accorder avant les aléas de la guerre, les Arabes font sauter le dépôt d’armes dont Mathias a la garde. Condamné à mort, c’est contre le désespoir que celui-ci va mener désormais son combat. La pensée de son tout proche anéantissement, stupide et sans but, l’obsède jusqu’à l’heure où il découvre, ébloui que, dans sa mort même, il peut efficacement racheter sa faute et servir la cause de ses frères. Il supplie et obtient — en raison des circonstances — que son supplice soit commué en un sacrifice où sera puisé son sang, tout son sang, pour sauver le plus possible de ces vies dont Israël aura tant besoin, pour vaincre d’abord, et ensuite refaire la Terre Promise. C’est en vain que Rachida, faisant taire l’appel de la race pour n’écouter que son amour, tentera de le sauver en mêlant son propre sang au sien, ou de l’accompagner dans la mort. La haine l’emportera sur l’amour et la rejettera dans le camp des désespérés.