« Bien que beaucoup de ceux qui vivaient alors en France, eussent déjà fait l’expérience de la réaction politique, et quelquefois de la répression et même de la terreur, il ne fut pas, dans les premiers temps, facile de faire comprendre à la grande masse de la population juive, que d’ordonnance discriminatoire en législation d’exception, d’administrateur nommé par le Commissariat aux questions juives en étoile jaune, on s’acheminait inexorablement vers les Camps de concentration et les chambres à gaz, vers la « solution finale » de la question juive. L’un des mérites du livre de David Diamant c’est d’abord de montrer, grâce à une extraordinaire richesse de documents et de références, l’immense travail d’information et de persuasion qu’ont dû accomplir ceux qui, parce qu’ils étaient politiquement plus avertis, devaient naturellement être les plus clairvoyants et les plus agissants. Que, dans ces conditions, ceux qui ont été à l’origine de l’U.J.R.E., puis ses militants les plus actifs, soient ceux-là qu’on retrouve le plus souvent tout au long des pages du livre, il n’y a là rien qui puisse étonner. Mais la lutte devenait chaque jour plus âpre. Celui qui collectait les fonds pour aider les « illégaux » ou les familles les plus éprouvées, celui qui distribuait les tracts et « La presse nouvelle », celui qui les rédigeait, celui qui les tirait, c’était, en puissance, un combattant en armes et les « groupes de combat » de l’U.J.R.E. et « Carmagnole-Liberté » en témoignent par leurs morts héroïques et ceux qui ont survécu. David Diamant a su faire comprendre le cheminement de ces hommes et la valeur de leur engagement, qu’ils soient devenus des héros nationaux ou qu’ils soient, aux yeux de beaucoup, restés des inconnus : c’est un autre de ses mérites. Mais le plus grand, sans doute, c’est d’avoir montré que le combat que les Juifs de France — qu’ils fussent français ou étrangers — ont mené, sous l’Occupation et, pour préparer les temps à venir, n’était pas un combat isolé ou spécifique. »