Selon Francisco Delgado, l’homme ne retrouvera sa vérité que « dans les gestes essentiels de la tribu », entre autres : « la joie du sensuel urgent ». Il y a, dans "Le gai amour", une interrogation du monde, mais qui prend assise dans la sérénité du plaisir. Rejoignant une habitude païenne, le poète mesure la qualité de l’esprit, de l’amour d’un couple, à la générosité de ses corps à corps. Mais la façon de le dire n’est pas choquante, les caresses, les houles de la possession mutuelle, sont dites avec tout l’art du monde, une culture, une symbolique acceptée, une naïveté parfois bonhomme. L’exaltation constante se conjugue avec un tempérament baroque et des traces sudistes, méditerranéennes : la mer, le goût de l’ellipse, la formulation des poèmes parfois très « cadrée », un peu sévère, une incantation toujours ornée. Pour trouver identité et liberté, c’est à la terre femme que s’accroche finalement ce lyrique enfiévré.