Au nord de la Bretagne du XVIIIe siècle, sur une côte hérissée d’écueils et battue par les vents, se situe la « terre des Païens ». Terre de désespérance, rude, sauvage, à l’image de ses habitants à l’esprit nourri de sortilèges, de légendes venues du fond des âges. Embusqués au creux des récifs, les génies malfaisants attirent les bateaux désemparés, et l’on entend grincer - sur les pierres des chemins - les essieux de la charrette de l’Ankou, qui circule pour emporter les morts. Ce que l’on ne dit pas – mais c’est la loi de la mer – c’est que, certains soirs de tempête, s’allument sur la falaise les feux des naufrageurs. Et les naufrages, ce sont les cadeaux du Bon Dieu pour les pauvres gens d’ici. En cette nuit du 15 mars 1737, la tempête d’équinoxe est terrifiante. Depuis la pointe de Penmarc’h, jusqu’à celle du Raz de Sein, la mer est un chaudron bouillonnant. Une galiote - chargée de vins en provenance de Bordeaux - est en perdition, en passe de se fracasser sur les brisants de Plounéour-Trez. Comme ivre de puissance, le vent souffle à perdre haleine, poussant des clameurs de fou à travers les haubans, cordes à jouer une musique de cauchemar. Notre-Dame des naufrages s’est montrée généreuse et le pillage est fructueux. Mais, avec les barriques de vins, le flot a aussi jeté à la côte la seule rescapée de cette nuit d’épouvante : la femme de l’armateur. Elle a perdu la mémoire, et va vivre désormais dans la masure de la vieille Morgate et de ses deux fils, Yann et Nicolas. D’autres tempêtes vont se déchaîner... D’embruns, d’amour et de mort, cette superbe histoire fascine. Comme le chant alterné du flux et du reflux.