L’auteur a voulu rendre cette question sensible au lecteur mais lui laisser toute liberté de répondre comme il l’entend. Gilbert Vabre est un homme de quarante ans. Il quitte Paris, et, pendant deux jours, il demeure à Saint-Hiseau, petit village au bord de la Seine. Et tout de suite il se trouve en présence d’hommes et de femmes dont l’étrangeté est à l’image de notre époque. Il y a là Louis Fauvel — un homme au passé obscur — qui a rassemblé un certain nombre de gens sur lesquels il exerce une puissance toute tournée vers le mal. Il y a Irène, sa femme, sorte de victime expiatoire pour des fautes qu’elle n’a pas commises. Il y a Stéphanie Golnik, une réfugiée, qui se drogue pour oublier. Il y a enfin Journan, un professeur révoqué, qui vit une existence bizarre, dans une cabane à l’écart du village. Tous ces personnages ont peur, peur de la vie, de leur passé et de l’avenir. Gilbert Vabre peut rester parmi eux ou les abandonner à leur sort qui va se jouer pendant les quarante-huit heures de son séjour. S’il part, quelqu’un aura-t-il assez de courage pour l’accompagner ? Le mythe créé par Guy Le Clec’h est une image réduite du monde contemporain que traversent des forces anonymes et destructrices auxquelles s’opposent les ressources profondes de l’individu.