Un livre étonnant. La mort d’un homme par la main d’un autre homme, et la nouvelle éclate comme un fracas d’orage, ce matin du 24 juin, frappant de plein fouet la petite ville en liesse pour sa fête patronale, bouleversant ses habitants, amis fidèles, ennemis tenaces, et tous les autres ordinairement apathiques et neutres. Une mort, certes, mais surtout des vivants, avec les sujétions quotidiennes, les bonnes et les mauvaises actions, la méchanceté et la naïveté, l’envie, l’orgueil, l’amitié et la fraternité, les soucis, les souffrances, les combats, les espoirs. Au fil des pages, le lecteur vivra dans l’intimité de personnages typiques de leurs classes, de leurs couches sociales. Il les découvrira, les suspectera, les aimera, pris à bras le corps par l’action, tenu en haleine jusqu’à la dernière page. Mais ce livre contient aussi bien autre chose que les péripéties d’un crime de sang. En même temps que les personnages vivent, chacun d’eux s’interroge sur sa destinée, l’enchaînement des événements qui ont fait et font son existence. Leurs interrogations, ils nous les font partager et, parmi ces interrogations, apparaît — page après page — celle qui, de tout temps, importe le plus aux hommes, parce qu’elle commande toutes leurs vertus : la question de la justice est posée.