Robert Chamblet, tout nouvellement revenu d'Amérique où, pendant près de trois années, il s'était occupé de reportages, examinait du coin de l'œil son ami Didier Bertrange, un grand jeune homme rasé comme un Américain, à la fois mince et robuste. Chamblet avait connu, autrefois, un Bertrange actif, riche, sociable, géologue distingué, n'avait-il pas eu, du gouvernement, plusieurs missions aux colonies, lui procurant une vie large et pleine d'imprévu. Pourquoi renoncer à toutes ces choses, alors qu'il n'avait que 35 ans ? Quelles perturbations nouvelles étaient donc survenues dans l'existence du jeune homme, pour lui avoir donné ce désir de solitude, cette inertie qui, depuis deux ans, le retenait là, dans ce Mazerolle solitaire et désolé ?