Le présent ouvrage, qui couvre la période 1935-1945 — premier volet d’un polyptyque — est d’abord le relevé de ses jeunes années, qui l’ont conduit des salons parisiens de sa grand-mère, Mme Georges Leygues (où il rencontra François Mauriac, André Maurois, Paul Valéry, Georges Duhamel, le maréchal Lyautey, l’amiral Darlan), au cabinet du Président du Conseil. Puis, à la déclaration de guerre, il est nommé dans un État-major à Cherbourg, avant de participer à la campagne de Norvège. Il rentre ensuite à Villeneuve-sur-Lot et, de là, rejoint — par l’Espagne — les forces combattantes. Ce sont alors des patrouilles dans l’Atlantique sud, l’île d’Elbe, une unité de commando : le groupe naval d’assaut de Corse, le débarquement en Provence, avant le départ pour l’Indochine. Trente ans après les événements qui se sont déroulés, c’est plus à l’analyse de ceux-ci qu’aux faits eux-mêmes que s’attache l’auteur, bien que son livre apporte — par bien des anecdotes pittoresques et des détails judicieux — une contribution fort utile à la connaissance de l’histoire de notre temps. Jacques Raphaël-Leygues s’intéresse — avant tout — aux réactions des hommes jeunes devant le danger, à leurs qualités humaines, et aux motifs qui dictent leurs actes. Sa « Chronique des années incertaines » est ainsi un émouvant témoignage, en dépit des épreuves, de fidélité dans les amitiés car, insensible au conformisme ambiant tout comme aux intrigues, l’auteur n’a jamais eu d’autre ambition que de servir la France, à tous les âges de sa vie, avec la ferveur, la générosité et le courage d’un cœur d’adolescent.