Avocat, André Diligent est devenu célèbre comme parlementaire, en dirigeant plusieurs enquêtes retentissantes, dont la plus récente — sur la publicité clandestine à la télévision — lui mérita, en raison de la rigueur et de la loyauté avec laquelle elle avait été conduite, le surnom de « Candide du Sénat ». Ce n’est pourtant pas cet aspect de sa vie publique qu’André Diligent décrit dans « Un cheminot sans importance », mais l’histoire — rigoureusement authentique — de Pierre Hachin. Pierre Hachin était entré dans la Résistance dès 1940, en participant d’abord à la fondation d’un journal clandestin, puis à d’autres activités périlleuses, qui lui valurent d’être torturé et déporté à Dachau, après avoir effectué un séjour terrifiant dans un laboratoire de cobayes humains. De retour dans le Nord de la France, en 1945, Pierre Hachin fut entraîné — dans la logique même du combat qu’il avait mené — à intenter un procès, pour défendre la mémoire de ses compagnons de lutte, et les droits de leurs veuves. Il découvrit à cette occasion un univers qui lui apparut — cruauté en moins — tout aussi inadmissible et redoutable que celui qu’il avait connu en Allemagne, car si le « bon droit » finit toujours par triompher, sa reconnaissance requiert — parfois — beaucoup de patience et de volonté pour surmonter les obstacles administratifs, sociaux, et politiques semés sur son parcours. C’est cette étrange aventure, que André Diligent relate dans « Un cheminot sans importance ». L’auteur l’évoque sous forme de deux récits, qui ne constituent finalement qu’une seule histoire en deux épisodes, tant les deux cadres où elle se déroule — celui du combat de l’ombre et de l’enfer concentrationnaire, et celui de la révolte et de la procédure judiciaire — sont issus du même climat kafkaïen de l’absurde. Ici comme là, persiste la volonté opiniâtre de poursuivre — en des circonstances différentes — la même lutte contre le silence, l’humiliation, la lâcheté et la censure. C’est pourquoi ce livre — dont l’action commence dans l’improvisation de la Résistance, et s’achève dans la grande confusion des tribunaux — constitue un plaidoyer vigoureux, en faveur du droit à l’information et à la justice, au nom du respect fondamental de la personne humaine.