Peut-on être quasiment ignoré de ses propres compatriotes, alors que l’on a donné son nom à une grande artère d’Ajaccio, et aussi à l’un des plus riches musées de France ? Paradoxe certes, et cependant réalité dans le cas de Joseph Fesch, dont on a trop longtemps imaginé que le seul titre de gloire était d’avoir eu Napoléon pour neveu. On s’étonne que Mgr Fesch ait été méconnu, car cet “honnête homme” était également un Chrétien éminent. Il possédait beaucoup de belles qualités de la famille Bonaparte, sans en avoir les redoutables défauts. Conciliant souplesse et courage, diplomatie et fidélité, ambition et humilité sincère, il apparaît comme l’un des personnages les plus remarquables de son époque. Hélène Colombani voulait nous révéler cette attachante figure de la fresque impériale. Elle a réussi dans son entreprise. Grâce à elle, on ne pourra plus ignorer désormais que Fesch fut le principal artisan du Concordat, et que son rôle de trait d’union entre Napoléon et Pie VII eut une influence considérable sur l’évolution de l’Église de France. Son zèle missionnaire favorisa la multiplication des séminaires - notamment dans son cher diocèse de Lyon et en Corse - et, pendant qu’il était Primat des Gaules, l’enseignement religieux connut une prospérité sans égale. Enfin, il contribua à enrichir le patrimoine artistique de son pays, car ce saint homme se doublait d’un amateur d’art compétent, et d’un collectionneur avisé. Cet ouvrage a le mérite essentiel de réparer une injustice, en dégageant — de l’ombre un peu étouffante de Napoléon — celui qui fut l’un des plus grands princes de l’Église. Par la somme d’informations qu’il contient, un tel livre est indispensable à tous ceux qui veulent connaître et comprendre la période cruciale durant laquelle le Catholicisme Français eut à choisir entre l’Empereur et le Pape.