En lisant ces souvenirs, qui se déroulent au sein d’un merveilleux paysage méditerranéen, sous des jours ensoleillés ou des nuits resplendissantes d’étoiles, on songe — malgré tout — à cette réflexion du poète grec Eschyle : “La connaissance vient par l’expérience vécue.” Certes, l’auteur, ici, fait preuve d’une large érudition, on se rend compte qu’il a beaucoup observé, écouté, contemplé. Ses descriptions de quelques beaux villages, Gigean surtout, Pignan, Maugio ensuite, qui s’inscrivent au fil de la plume, nous replongent dans un monde de vie en partie oublié des survivants, et tout à fait inconnu des générations actuelles. Celles-ci, cependant, y trouveront la source de renseignements précieux. À travers ces pages, qui fourmillent d’anecdotes pleines de saveur et riches du suc du terroir, l’auteur évoque la crise viticole et son histoire pathétique qu’il décrit en spectateur, depuis la crise à l’époque de Marcellin Albert, jusqu’à une période récente. Imprégné — dès son jeune âge — de la vie agricole et de l’amour de la viticulture inséparable de sa région, l’auteur, nourri et élevé dans le sérail dont il connaît les détours, se complait à une analyse et à une synthèse fort instructives. Il s’ensuit que ce livre passionnant appelle une suite, que l’on ne souhaite pas trop tardive.