Le charme et le talent ont fait d’Antonio une des locomotives du Tout-Paris. Beau et séduisant, il fut adopté, au début des Années Trente, comme chevalier servant par les femmes du monde, et admis dans les cercles les plus fermés de la société parisienne. Il fut le premier coiffeur pour dames à arborer l’habit et la chemise à jabot de dentelles dans les salons des faubourgs Saint-Germain et Saint-Honoré, et devint un arbitre des élégances presque aussi réputé qu'André de Fouquières. Sur le plan professionnel, il n’eut guère de concurrents à redouter, et la palme du « plus célèbre coiffeur de notre époque » que lui décerna un hebdomadaire parisien, il y a une quinzaine d’années, reste toujours confirmée. Globe-trotter, il a sillonné le monde pour faire reconnaître ses dons de modéliste de la coiffure. Il a créé des instituts aux États-Unis et fondé une école au Japon. Tous les pays ont ainsi profité de son expérience et de ses créations, parmi lesquelles on compte, au fil des années, la queue de canard, le tourbillon, le coup de soleil, les chignons de velours, l’Aiglon, la Récamier, l’Angélique et bien d’autres encore. Toutes ces innovations — ou presque — sont nées en France et, plus précisément, à Paris, car il est « Antonio de Paris », comme ont été également de Paris, Mistinguett et Maurice Chevalier. Un titre qu’on n’attribue qu’à une altesse en son art. Et Antonio l’est assurément dans le sien, puisque la liste de sa clientèle constitue un véritable armorial. Il a coiffé les reines, les impératrices, les princesses et les plus grandes stars de l’écran, aussi bien à Hollywood que sur les Champs-Élysées. Comme les femmes n’ont pas plus de secrets pour leur coiffeur que pour leur confesseur, Antonio a eu tout le loisir, au cours de cinquante années de vie professionnelle, d’écouter les confidences des personnalités les plus en vue. Il nous les livre aujourd’hui avec ce recueil de souvenirs, dans lequel il brosse — quoi de plus naturel pour un coiffeur ! — des portraits inattendus et fort savoureux de ces dames illustres que sont, à des titres divers, la duchesse de Windsor, Marlène Dietrich, Rita Hayworth, Soraya, Arlette Stavisky, Eva Peron, Arletty, Martine Carol, la Môme Moineau, Lady Mendl, Zizi Jeanmaire, etc. Les hommes ne sont pas oubliés pour autant, qu’il s’agisse aussi bien des deux derniers rois d’Angleterre que de Sacha Guitry, Gary Cooper, Jean Renoir, Groucho Marx, Charles Boyer, Ali Khan, le Négus, le président Doumer, Farouk d’Égypte et même... de Sa Sainteté Pie XII !