Matricule 185950 est la mémoire d’un homme, Jacques L’Hoste, dont l’existence, très tôt marquée par les événements les plus tragiques de notre siècle, s’inscrit au cœur même de l’Histoire. D’origine sarthoise, né en 1921, Jacques L’Hoste est d’abord élève au Petit Séminaire de La Flèche en 1933, date de l’accession d’Adolphe Hitler à la chancellerie allemande, puis il entre à l’École nationale d’horlogerie de Cluses, en 1937, année du pacte antikomintern. Tandis que les Français savourent l’humour d’un Guitry, ou le talent d’une Joséphine Baker, la défaite est au rendez-vous du mois de mai 1940. Le jeune L’Hoste va alors faire l’apprentissage de la vie aux dures et sombres heures de la France, et rejoindre la Résistance. Le 16 février 1944, sa vie bascule : arrêté, incarcéré et torturé par la Gestapo, il fera partie de l’un des pires convois à destination... d’Auschwitz. Détenu politique, matricule 185950, il sera l’un des premiers hommes à sortir vivants de cette « patrie de l’horreur ». Déporté à Buchenwald jusqu’en avril 1945, il est bien incapable, et pour cause, de se douter que vingt ans plus tard, en tant que président de la Chambre de métiers lavalloise, il entreprendra une réconciliation avec l’Allemagne sous la forme d’un jumelage, alliant ainsi une certaine idée de la politique à la grande passion de sa vie... Au travers des pages de l’Histoire — celle de la France, du monde et de l’auteur dramatiquement mêlées —, Jacques L’Hoste sait trouver le mot juste pour décrire l’horreur de cette véritable descente aux enfers. Ce qui nous frappe et demeure dans nos esprits, c’est l’humanité, la force de vivre, et le courage de cet homme, pour qui « l’heure est venue de raconter avec le plus de véracité possible... ».