La publication des Manuscrits authentiques de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a permis de grands progrès dans l’étude de ce que l’auteur appelle son « mystère ». En effet, chaque âme conserve toujours une note d’intimité, quelque chose de secret, dont on ne peut approcher que par intuition, en observant avec amour ses paroles, ses écrits, son comportement individuel et social. Et le mystère est encore plus grand lorsqu’il s’agit d’une Sainte car, à son secret personnel, naturel, s’ajoute celui de ses rapports avec Dieu. Une Sainte porte donc en elle comme deux mystères : celui de sa vie de créature qui émerge du néant, composée d’un corps et d’une âme faits pour se développer l’un en fonction de l’autre, en dépendance du milieu familial, social, de telle époque déterminée, et celui de sa libre réponse aux avances divines. Car Dieu invite chaque âme à se laisser transformer par sa grâce, de manière à ce qu’elle devienne de plus en plus apte à participer à sa Vie éternelle de lumière et d’amour. C’est le déroulement passionnant de cette merveilleuse épopée humaine et spirituelle, qu’il est possible de suivre presque jour par jour, grâce aux notations — si lucides et si précises — que nous laissa la Sainte de Lisieux. On s’aperçoit alors qu’elle rencontra, comme chacun de nous, plus d’un obstacle à vaincre au cours de sa brève carrière terrestre mais que, beaucoup mieux que nous, elle sut toujours accepter l’épreuve dans la nuit de la foi, soumettant constamment son esprit à celui de Dieu. Et, chaque fois également, elle reconnut le bienfait surnaturel de ces épreuves. Au terme de cette étude, Sainte Thérèse apparaît singulièrement grande, et pourtant il n’y a rien dans sa vie qui ne soit imitable, à condition de se laisser héroïquement conduire par la grâce, avec un amour toujours plus conforme à la Charité divine elle-même.