Nous sommes aux environs de 1850. Perdu au cœur d’une forêt très ancienne, le village poitevin des Ébaupinières coule des jours paisibles, protégé qu’il est par les deux Bons Saints qui, jadis, l’évangélisèrent, et dont les statues jumelles en bois peint veillent dans la crypte, sous l’église. Coup de tonnerre ! Une nuit, les Bons Saints disparaissent. Qui donc peut être le responsable d’un événement annonciateur, sans aucun doute, des pires malheurs ? Ne serait-ce point cet enfant mystérieux, doté d’une grâce étrange, qui, un beau matin, nul ne sait comment, est arrivé dans la paroisse ? Cet enfant-là, n’est-ce point le Démon en personne ? Dix ans vont s’écouler, avant que le village n’obtienne la clef de l’énigme. Dix ans, durant lesquels de nouveaux événements — tantôt tragiques, tantôt cocasses — fondront comme grêle, sur les Ébaupinières. Autour de l’enfant qui, en devenant un adolescent, ne perdra rien de son mystère ni de sa grâce, on verra s’agiter, rêver, haïr à mort et aimer jusqu’à la folie, une foule de personnages truculents, inquiétants, attendrissants et poétiques avec, en arrière-plan mais de plus en plus proches au fur et à mesure qu’avancera le récit, les loups de la forêt environnante. Cette région du Haut-Poitou a été, en effet, une des dernières en France, où Sire le Loup régna sur les bois et les brandes. Grande voyageuse, traductrice de l’anglais, l’allemand, l’italien et le néerlandais, Diane Ribardière, après un essai en anglais, paru en Amérique, sur « Les Anglais tels qu’on les voit et tels qu’ils sont », a publié sur l’Allemagne hitlérienne un roman-reportage dont la critique a dit que, pour la première fois, une Française montrait l’Allemagne « de l’intérieur ». Avec « Hurlupapin », c’est un voyage dans le temps qu’elle nous fait accomplir. Elle nous montre le « bon vieux temps », non point avec les lunettes déformantes de notre XXe siècle, mais tel qu’il se voyait lui-même. Ainsi, un petit monde familier, fantastique, aujourd’hui disparu, nous est-il rendu dans toute sa fraîcheur.