Deux hommes, Antoine et Éric, sont amoureux de la même femme : Monique. Ils la cherchent inlassablement dans Paris, toute une nuit durant. Ils ignorent qu’elle est allée se réfugier dans une petite maison à la campagne, pour réfléchir et pour choisir entre eux. Mais quelque chose se passe dans la maison. Le temps se déplace. Monique a la perception d’une sorte de fantôme, une femme qui lui ressemble et qui aurait vécu, il y a un siècle, une histoire identique à la sienne. Elle se laissera envahir, puis se confondra avec son double, jusqu’à la rupture de l’aube. Tout au long du récit, les personnages, qui s’entêtent à trouver leur justification dans le seul amour humain, sont pris au sein d’un mécanisme qu’ils ne comprennent pas. L’espace d’une nuit, ils vivent, en un raccourci symbolique, toute leur existence. Et cette nuit leur sera longue, lourde à porter. Ils auront peur, ils auront froid, ils auront faim. Ils douteront. Cependant, ils demeurent liés par l’amour et par l’image symbolique de leur impuissance à vivre : un bateau figé le long d’un quai de granit noir. Ils ne s’en dégageront qu’en construisant, malgré leur nuit, une cité de lumière. Ce livre d’une constante interrogation témoigne d’une fascination peu commune, et augure bien de l’œuvre de Chantal Dauge.