Le plus beau des métiers pour Robert Buron c’est celui qu’il a exercé pendant dix-huit ans, le métier politique. Métier mal connu. Les Français ont la réputation d’être passionnés de politique. De la Faculté à l’usine, des champs au Café du Commerce, chacun dans notre pays est toujours prêt à donner son avis sur les problèmes de l’heure et plus encore sur les hommes chargés de les résoudre. Mais si tous les Français ont la « tête politique » — ou croient l’avoir — les responsabilités politiques sont réservées de fait à une minorité. Et quoique les actes et les discours des membres de cette minorité soient commentés sur la place publique, la façon dont ils se recrutent, leurs conditions de travail et de vie sont pratiquement ignorées de la plupart d’entre nous. Robert Buron qui a été longtemps député et plusieurs fois ministre sous les IVe et Ve Républiques, a écrit dans un style direct et en faisant au récit vécu, voire à l’anecdote, autant de place qu’à la technique constitutionnelle, une véritable « défense et illustration de l’homme politique ». De son action propre, chaque homme engagé est personnellement responsable et Robert Buron a réservé pour un livre ultérieur le récit et la justification de sa vie publique — depuis la lutte qu’il a menée en 1949 contre la hausse des prix et pour l’expansion économique jusqu’aux pourparlers d’Évian de 1962. Son sujet, aujourd’hui, ce sont les « règles du jeu » qui s’imposent à tout homme politique, la vie quotidienne du candidat, du parlementaire, du ministre, ce qui dans le « métier politique » est commun à tous. L’exercice du métier avec ses difficultés, ses routines fastidieuses, ses grandes heures parfois, les tentations auxquelles il faut faire face, l’auteur le dépeint sans complaisance, parfois même avec quelque cruauté, mais sans jamais se départir d’un certain sourire. Et en définitive, parce que de tous les métiers c’est celui qui réclame le plus de qualités humaines, Robert Buron est convaincu et veut nous convaincre que « c’est le plus beau ! »