Pierre Limagne a débuté très jeune dans la carrière journalistique. Il avait tout juste vingt-cinq ans quand il fut affecté, après l’insurrection sanglante du 6 février 1934, au service politique de La Croix, l’un des plus grands quotidiens de Paris. À ce titre, il put observer et commenter les événements qui marquèrent, de l’avènement du Front Populaire à la déclaration de guerre de 1939, la fin de la IIIe République. Faute de pouvoir poursuivre librement sa rubrique politique pendant l’Occupation, Pierre Limagne participa, en marge de la rédaction des « Éphémérides » — enterrées, au jour le jour, en vue d’être publiées après le départ des Allemands — à l’organisation de l’Armée secrète dans la vallée du Rhône. Il reprit son poste de chroniqueur politique à la Libération, et devint ainsi un des plus lucides analystes de la vie nationale française sous la IVe République. Aucun des événements de cette période n’a échappé à son attention. C’est pourquoi, dans ce livre justement intitulé « L’éphémère IVe République », il a rassemblé ses souvenirs pour écrire l’histoire de ce régime transitoire, qui a vu naître les douloureuses guerres d’Indochine et d’Algérie, et permit à une conjonction d’oppositions — tant communiste que gaulliste — de mettre fin à un « système » se voulant, au départ, « dur et pur ». Sous l’autorité un peu troublante de Vincent Auriol, puis sous la présidence débonnaire de René Coty, ce régime avait pourtant coïncidé avec l’époque d’un relèvement assez exceptionnel et aujourd’hui oublié des Français. Il importait que Pierre Limagne le rappelât avec honnêteté dans cet ouvrage, qui constitue un document d’une grande clairvoyance pour la connaissance de notre temps.