Académie d’imagination où règne la trouvaille, univers nouveau d’images originales, traduites en mots par un magicien-poète : voilà ce qui vient à l’esprit en lisant Catherine Kany. Même si vous n’êtes pas musicien, vous le deviendrez avec ces strophes musicales, dont le rythme fait chanter les yeux. Le ton gai, familier, se voile parfois de tristesse encore, comme en musique où les blanches et les noires créent l’harmonie. Vous croiserez l’ombre d’Apollinaire, dont le pète s’amuse à imiter un texte célèbre ; vous constaterez — dans la technique — l’influence de l’auteur du « Crève-Cœur », avec l’emploi de la rime enjambante. L’atmosphère de chaque chanson est si fidèle, qu’on en photographie l’idée, qui se développe en un rêve semi-réaliste. Après les chants spirituels de « Naissance de Kyria », les graves méditations de « Idole et louange » et de « Nouez vos mains », il peut surprendre que Catherine Kany publie des chansons dans une collection « Cabaret ». Certes, aucune d’elles ne fut écrite spécialement dans ce but, mais si l’une des fins de la poésie est d’ « enchanter la souffrance et la solitude » (Audisio), cette nouvelle partie de son œuvre ne pouvait trouver meilleur usage. Il n’y a qu’une poésie, et qui appartient à tous, pour « consoler l’humanité ». Le vrai talent n’a pas de frontière ; Catherine Kany le prouve magistralement dans ses œuvres, et l’Inspiration parle une langue sublime qui n’appartiendra jamais à aucun pays.