J’ai couru tous les risques pour le risque de vivre... Ma vie d’homme, j’en sais les chemins et les vides. J’ai goûté de tous les fruits. J’ai dansé toute ma liberté. J’ai le langage de celui qui a faim et qui vient vers toi, mains nues, Te demander, Seigneur, la totalité de vivre encore plus. « Face au diable, à tous les diables, à ceux qui sont en nous d’abord : les poèmes de nos tentations. Pas seulement ces petites tentations individuelles que — d’instinct — nous chéririons plutôt. Mais toutes ces puissances et dominations qui nous habitent, nous possèdent, nous dévorent. Celles que nous nourrissons de notre chair, de notre sang, de notre âme. Celles qui habitent nos cités, nos partis, nos églises. Les forces mauvaises que nous ne savons plus déceler : l’habitude, la routine, nous rendent aveugles. Il fallait qu’un poète nous condamnât à voir, à entendre, à méditer. Tant pis, tant mieux, si cela nous fait mal. Les mots parfois blessent. Mais il est des blessures dont nous pourrons un jour être fiers, car l’Esprit de Dieu aura pu pénétrer dans nos hôtelleries où il n’avait plus de place. »