Rien de moins « vrai » que le titre de ce recueil. Qu’est-il de plus sérieux, de plus obstiné, que la périlleuse tâche du poète ? Celui-ci n’explore-t-il pas, en effet, les recoins de l’âme humaine ? Puis, il lui faut parler. À la fois juge et inculpé, le poète ne rend jamais d’ordonnance de non-lieu. Il sait trop bien qu’il doit témoigner, jusqu’au bout. Même si personne ne l’écoute... Dans l’univers de la technocratie, les « longs détours » de la poésie s’apparenteraient, dit-on, à une improductive grasse matinée de la pensée. Voilà qui est absurde ! Depuis quand serait-il superflu de sonder le labyrinthe du moi ? (Sondage à ne pas confondre, d’ailleurs, avec la douce rêverie au coin du feu, pantoufles aux pieds, tasse de camomille à la main.) Au nom de quel principe machiavélique sera t-il inutile à l’homme d’aspirer à faire route avec des compagnons tels que Villon, Baudelaire, ou Michaux ? Programme ambitieux. Programme impossible. Mais être poète, c’est tenter l’impossible. Puis, un jour, peut-être...