Résumé
Cayeux-sur-Mer s’entrouvre donc : de 1740 à 1764, 25 ans d’Ancien Régime se mettent à revivre au fil des baptêmes, au fil des mariages, au fil des décès sagement endormis dans les registres paroissiaux cayolais. C’est tout un monde qui, peu à peu, se reconstitue, c’est toute une population qui, peu à peu, prend forme. Des matelots qui vivent mais qui, parfois hélas, meurent de la mer, de ses colères, de ses guerres. Des laboureurs, des manœuvriers, des bergers, des oiseliers qui vivent de la terre, des bas-champs, “d’ché bassures”, où la terre et l’eau sont inextricablement liées. Des tisserands de toile, des brasseurs, des charpentiers calfats, ces “fabricants” qui œuvrent dur à la tâche. Des chasse-marée qui portent la marée à Paris, des “employés dans les fermes du roi”, qui traquent les fraudeurs du sel et qui quadrillent le pays littoral de postes-brigades. Tous vivent au sein de la même paroisse, longue bande côtière de 2600 hectares, laborieusement prise à l’eau, autour du “roc de Cayeux”. Véritable Finistère picard, il s’agit d’un monde excentré, tout à fait original, où cohabitent les gens de la mer et les gens de la terre. Les matelots constituent bien une caste à part. Ne dit-on pas : “La Marine ne connaît que la Marine” ? Ils choisissent de préférence, pour convoler, un samedi (entre le vendredi jeûné et le jour du Seigneur), et le mois de septembre entre la maqueraison et la harengaison. Ainsi, ils se distinguent des autres, qui préfèrent convoler en début de semaine (mardi est fort prisé à l’époque) et en été. À chacun son jour et son mois. D’autre part, les 2 guerres franco-anglaises qui ponctuent nos 25 ans d’étude, à savoir : la guerre de Succession d’Autriche — de 1740 à 1748 —, la guerre de Sept Ans — de 1756 à 1763 —, parce qu’elles affectent la Manche, perturbent la vie démographique de nos chers matelots qui attendent pour convoler que la paix revienne ! Les naissances matelotes subissent, elles-aussi, les aléas militaires de la mer : déficitaires pendant les conflits, elles s’avèrent excédentaires ensuite. Les autres Cayolais se marient, et procréent de façon plus régulière au fil des ans, et subissent moins les évènements politiques et militaires. S’il naît moins d’enfants de matelots, il en meurt moins aussi, si bien que la population matelote croît davantage. Elle constitue un élément dynamique, dont profite l’ensemble de la paroisse. Qu’on ne s’y trompe pas : chacun se marie au sein de son groupe socio-professionnel. L’homogamie matelote atteint des records, et nombre de mariages matelots se munissent de dispenses de consanguinité, de parenté, d’affinité. Les matelots “caouais” sont bien accrochés à leur “roc de Cayeux” ! Parce qu’elle se retrouve souvent seule à la maison à assumer le rôle de chef de famille en l’absence de son mari pris par la mer, la matelote est plus “émancipée” qu’une autre ; elle participe plus souvent aux actes écrits de la vie, comme témoin à une inhumation, ou comme témoin à un mariage. On doit aussi déplorer des naufrages et des noyades. Là encore, le registre paroissial constitue une mémoire fidèle : 35 noyés sont répertoriés, dont 10 — méconnaissables — ne peuvent être identifiés. Ainsi va la vie de Cayeux, entrouverte le temps de quelques pages. Une vie où la mer est omniprésente, une vie de dur labeur, passionnante à lire...
Caractéristiques
Editeur : FeniXX réédition numérique
Auteur(s) : Jean-Yves Noiret
Publication : 1 janvier 1992
Support(s) : Livre numérique eBook [PDF]
Protection(s) : Marquage social (PDF)
Taille(s) : 41,7 Mo (PDF)
Code(s) CLIL : 3081, 3080
EAN13 Livre numérique eBook [PDF] : 9782307526957