Ma vie durant, j'ai été frappé par les évidences de la fatalité. Mes contemporains ont semblé en faire peu de cas ; pas assez pour s'en prémunir et redresser à temps la barre. Ils ont laissé décider à leur place des génies de mauvaise rencontre ; ils ont confié au hasard le soin d'écarter les orages. Leur fatalisme s'est nourri de leur indolence et de la démission insidieuse de leur caractère. Ayant, depuis dix années, le privilège de m'exprimer à MEDI I (Radio Méditerranée internationale) sur tous les sujets, et sans trahir les réalités, j'y ai dénoncé les illusions tenaces, dressé le panorama de leurs lendemains, invoqué la chevaleresque liberté et évalué ce qu'il coûtait de se battre pour elle. Le présent volume contient les cent seize dernières chroniques hebdomadaires (1996-1998) consacrées au monde un peu fou où nous nous tenons désormais. Du moins pour les vingt prochaines années, à juger de ce qui arrive et de ce qui passe. Michel Jobert