Les Gagou, installés dans l’aire sylvestre du centre de la Côte-d’Ivoire, composent une ethnie démographiquement modeste qui, malgré la récente introduction des plantations de type industriel (culture de café en premier lieu), garde encore des traits culturels incontestablement archaïques. Chasseur-ramasseur à ses origines, le Gagou, après avoir subi des influences acculturatives extérieures de la part de ses voisins adonnés à l’agriculture alimentaire, s’est progressivement adapté à la situation économique nouvelle, sans abandonner pour autant ses vieilles habitudes consignées dans sa tradition orale. Ses caractéristiques morphologiques vaguement pygmoïdes, sa mentalité, ses comportements sociaux, font de lui un type humain très spécifique qui se détache d’une manière frappante du tableau général. Ainsi, dans le cadre des structures communautaires qui lui sont propres, le Gagou a créé et a su dans une large mesure préserver une civilisation dans laquelle les vertus du surnaturel coexistent et s’affrontent dans la routine de tous les jours, avec des préoccupations pressantes d’ordre matériel.