Résumé
Les flics vont mal. Pris eux aussi comme tous les fonctionnaires de l’état dans la tourmente de l’entreprise de déconstruction lancée par l’équipe au pouvoir contre les services publics, mais avec ce paradoxe : alors que le pouvoir fait de la lutte pour la sécurité son fonds de commerce, il attaque de plein fouet les conditions d’exercice et la nature même des missions dévolues à la police républicaine. Étranglés par une réduction drastique d’effectifs, (11 000 effectifs en moins depuis 2004), les policiers sont empêchés d’assurer un véritable service de proximité, d’accueil et de secours sur le terrain. Soumis à la dictature du chiffre qui les pousse à faire de l’interpellation et du contrôle à tout va, ils sont contraints de se livrer à des pratiques aux frontières de l’illégalité, le profilage ethnique par exemple. Accablés de directives ultra sécuritaires, ils voient leurs fonctions de prévention détournées au profit exclusif de la répression. Managés à coup de peur, de prime et de triche, ils ont le sentiment de ne plus travailler que pour fournir à la hiérarchie des résultats qui pourront être utilisés à des fins de communication politique. Expropriés de leur mission républicaine de service public, ils sont pris dans les rais d’une idéologie racisante consistant à stigmatiser toute une partie de la population reléguée dans des ghettos de misère à la périphérie des grandes villes, qu’on leur demandera d’aller pacifier, au cours d’opérations coups de poing, sans autre objectif que d’épater la galerie et rassurer l’électeur en voie de lepénisation.
Tandis que le ministre de l’Intérieur Claude Guéant continue ses sorties fracassantes sur sa volonté d’éradiquer la délinquance à coup d’effets d’annonces, les policiers sur le terrain font les frais du double langage. Ni effectifs ni moyens supplémentaires ne leur sont alloués, mais ce sont au contraire les polices municipales, les réserves civiles, les officines privées de sécurité et les systèmes de vidéo-surveillance qui sont convoqués en lieu et place de la police nationale. Aux risques et périls de nos libertés démocratiques.
Auteur
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Diplômée de Sciences Po, journaliste, essayiste, Élisabeth Weissman revendique un regard politique et critique sur la société. Elle est lauteure de plusieurs ouvrages sur la place des femmes en politique et la génération du baby-boom. Dans ses dernières publications, elle explore les ravages de léconomie néolibérale sur nos sphères privées (La Nouvelle Guerre du sexe, Stock, 2008), mais aussi publiques et analyse les phénomènes de résistance quils provoquent en leur sein avec La Désobéissance éthique et Flics, chronique dun désastre annoncé (Stock, 2010 et 2012).Dans la biographie quelle consacre à Coco Chanel, elle utilise une grille de lecture à la fois sociale et féministe : comment une femme issue des couches les plus défavorisées de la société, à une époque où laliénation féminine est encore très présente, a pu construire un empire économique comme le sien sans pour autant devenir une femme solidaire de son sexe ?
Auteur(s) : Elisabeth Weissman
Caractéristiques
Auteur(s) : Elisabeth Weissman
Publication : 1 février 2012
Support(s) : Livre numérique eBook [ePub]
Protection(s) : DRM (ePub)
Taille(s) : 229 ko (ePub)
EAN13 Livre numérique eBook [ePub] : 9782234069688
EAN13 (papier) : 9782234069541