La plus jolie fête de l'été aurait pu sauver une des plus jolies campagnes de Seine-et-Oise. La météo avait prévu une vague de chaleur : ce sera le déluge, un désastre. Par la faute de cette pluie, le village de Sauvas appartiendra à la banlieue, aux « grands ensembles ».Ce roman illustre l'un des conflits de la vie moderne : l'empiètement de la ville sur la campagne et la construction, aux alentours ou à la place des villages, de ces groupes d'immeubles dont les habitants viennent de partout.Jacques Lambert, maire de la commune, homme de cinquante ans, s'engage dans une lutte sans merci contre les spéculateurs, les promoteurs, les dangereux bâtisseurs, les féodaux aussi. La partie est perdue le jour où M. Davernay, propriétaire du château et de la plupart des terres, est obligé de vendre. Pour Lambert, l'échec de son action se double d'un échec sentimental : sa maîtresse, Julie, jeune veuve de Daniel Davernay, le fils du châtelain, le quitte pour Dalens, architecte de la cité nouvelle.Mais Jacques Lambert n'est pas le héros du roman — il n'y a pas de héros — il n'est que la figure centrale de cet univers passionné, où s'opposent de multiples personnages : Françoise Vespari, femme libre et audacieuse, qui a transformé son domaine en « home » d'enfants ; Grandino, homme lige de Davernay ; Perrin, le grand architecte des villes nouvelles et Guérard, ancien militant communiste. Mais le plus surprenant d'entre eux est Théo, mauvais garçon recueilli par Françoise ; il a une plume de moraliste et, dans son journal dont il donne trois extraits, il dépeint Sauvas et ses habitants avec lucidité et verdeur.Finalement, à la suite d'un krach financier, Sauvas sera une ville inachevée, où vivra une population sans racines, à l'image des sociétés nouvelles, dont l'auteur donne, dans ce roman balzacien et, pour la première fois, la peinture et la philosophie.