Votre ouvrage va compter, je crois, parmi les rares travaux véritablement sérieux faits à notre époque sur l’alchimie. Vous avez remarquablement cerné le personnage de Zénon et défini mes méthodes d’approche. Ce que vous dites de la composition de l’ouvrage, et en particulier des images alchimiques qui en imprègnent tout le tissu, pourrait prêter à de longues réflexions et à de longs débats. Il est presque inévitable que le commentateur voie là une démarche pleinement consciente. L’important, e que vous ayez si justement fait sentir à la fois nos graves ignorances au sujet de ce qu’a été véritablement l’alchimie (ou plutôt les diverses doctrines et pratiques alchimiques, si variées) et en même temps l’extraordinaire valeur d’un courant de pensée qui à une époque où triomphaient à la fois le spiritualisme de type thomiste et le rationalisme aristotélicien avec leurs oppositions âme-corps, matière-esprit, bien-mal, plein-vide, rejoint (par quels chenaux ? c’est ce que nous ne savons pas tout à fait) d’une part le monde pré-socratique et celui de certaines écoles philosophiques orientales, et de l’autre certains aspects les plus radicaux des spéculations modernes.