"Tant de soleil" regroupe les divers écrits de Jacqueline, une petite fille rêveuse qui vivait intensément. L’on ne comprend réellement l’œuvre d’un peintre, que le jour où ses toiles — réunies en une grande symphonie — révèlent son orientation profonde. De même, les thèmes de la vie intérieure de la petite fille, qui apparaissent dans les écrits les plus, comme dans les pensées de l’adolescente, n’ont révélé la continuité de son œuvre que lorsque les devoirs d’écolière, les lettres, les histoires d’enfant, les méditations confiées à des carnets ont été réunis formant, eux aussi, les parties différentes d’une même symphonie. Les thèmes qui donnent à cette œuvre brève son unité, sont ceux de la mort, de l’espérance, du chemin, de la foi, de l’amour, du don et de la joie. Sans doute, Jacqueline a-t-elle grandi dans cet extraordinaire climat d’éducation nouvelle, qui a été évoqué par Amélie Dubouquet dans ce merveilleux livre "Inexpérience ou L’enfant éducateur" ; sans doute, a-t-elle vécu sa première adolescence dans les années 39-45, années d’autant plus tragiques pour elle, que sa famille israélite a dû se réfugier à la campagne, et que son père, au Maquis, sera fusillé par les Allemands. Tous les enfants n’ont pas à assumer de tels événements, mais tous ne sont-ils pas appelés à cette aventure de la vie intérieure, que méprise trop la pédagogie contemporaine. C’est la question posée à la fin du volume par Amélie DUBouquet qui, avec beaucoup de sensibilité, dégage le message de cette œuvre brève, de cette enfance scellée par la mort.