La théorie de la nation apparaît comme la résultante de centaines d’années de mutations en Europe, justifiant sa cohérence, à l’inverse de son importation hâtive au Mali au temps de la colonisation. Ainsi, elle n’est pas adaptée aux enjeux maliens, principalement en raison du fait que le Mali est un État multiculturel, en l’espèce incompatible avec la construction d’une identité nationale. La nation n’est pas le seul élément du modèle européen qui se révèle inadapté aux réalités du Mali, l’institution même de l’État n’ayant pas su dûment s’imposer sur le sol malien et conserver son intégrité depuis la crise de 2012. L’État malien a principalement été fondé par la France lors de la colonisation et les dirigeants ont fait le choix de le perpétuer au moment de l’indépendance. Cependant, il peine à se légitimer et à affirmer sa souveraineté, et ce malgré la contribution de la société internationale visant à stabiliser le pays.

Étant donné les difficultés à instaurer une conscience nationale et à préserver la souveraineté de l’État malien sur son territoire, causant une crise de légitimité du modèle de l’État-nation dans le pays, il convient d’en refonder un plus innovant, adapté aux défis actuels et ouvrant la voie sur un développement durable.