Colette ou les amusements de bon ton, Les Caprices du sexe ou Les Audaces érotiques de mademoiselle Louise de B... et Dévergondages trois romans très érotiques ont été attribués à Renée Dunan (1892-1936), journaliste et critique littéraire des années trente. Son œuvre est à la fois dense et éclectique, elle a publié près d’une cinquantaine de textes qui vont de la science-fiction à l’érotisme en passant par l’ésotérisme, ou le roman policier ainsi que quelques essais dont La philosophie de René Boylesne. Mais avant tout elle participa à de nombreuses revues littéraires et plutôt engagées de l’entre-deux-guerres.
Dadaïste, anarchiste et pacifiste, ce fut une féministe active avant l’heure. À une époque où les femmes n’avaient pas encore le droit de vote en France, elle voulait vivre totalement son existence de femme en assumant librement sa sexualité.
Elle fut l’une des toutes premières femmes qui osa publier des romans érotiques. Grand amateur de pseudonymes, elle en usa tant dans ses écrits journalistiques (Luce Borromée, A.R. Lysa, Ethel Mac Sing, etc.) que dans ses romans (Georges Dunan, Renée Caméra, Louise Dormienne, Spaddy).
Pascal Pia indique dans Les Livres de l’Enfer qu’elle a également rédigé la préface de la seconde édition des Stupra d’Arthur Rimbaud en 1925, Stupra qui figurent aujourd’hui dans l’édition de ses œuvres complètes : « Les Stupra sont précédés d’une courte notice intitulée Mouvements de Rimbaud, signée Marcelle La Pompe, et due à Renée Dunan. »
Publié pour la première fois en 1936 Au temple de Cythère, à Saint Cloud, Colette ou les amusements de bon ton fut, en réalité, édité clandestinement par Maurice Duflou qui sera également l’éditeur de Dévergondages et des Caprices du sexe ou Les Audaces érotiques de mademoiselle Louise de B.... Il révèle en 1937 dans la préface de Dévergondages : « Disparu récemment, en emportant les lourds regrets de son entourage, l’auteur de tant d’œuvres galantes nous fait, dans cet ouvrage, le récit de quelques-unes de ses aventures personnelles.
Celles-ci, consignées dans des notes strictement intimes, mettent en scènes des héroïnes dont la plupart vivent encore et n’ont nullement renoncé aux plus douces joies de l’existence. Aussi, avons-nous dû masquer l’identité de ces délicieuses femmes sous des noms d’emprunt. C’est d’ailleurs l’une d’elles, dont nous ne citerons même pas le pseudonyme, qui nous a confié le manuscrit que nous présentons ici.
Ces récits sont des fragments d’une véritable autobiographie et ils tirent leur grand intérêt de leur parfaite sincérité. À cet égard et à titre d’exemple on appréciera, comme il convient, la réflexion d’Alice, la jolie et sensuelle servante, devant le goût que son jeune partenaire éprouve pour certains parfums de l’intimité féminine... réflexion que corse quelques années plus tard l’aveu que Faustine recueille de la bouche de son maître sur le même sujet. On sent là que ce ne sont point des choses imaginées... mais bien des faits vécus.
S’ils nous éclairent sur certaines des prédilections de l’auteur, ils ne forment pourtant que les battants d’entrée de la porte d’un musée secret où les scènes les plus aimablement licencieuses fourmillent dans les tableaux brossés avec la dextérité d’une main de Maître.
Vraiment, nul mieux que la personne charmante qui nous a quittés trop tôt ne pouvait donner une œuvre de pareille qualité. »