Pour l'écrivain qui fait des livres, comme pour l'orateur qui compose ou improvise un discours, le style c'est la vie. Buffon a dit avec raison que c'est le style qui donne l'immortalité à l'écrivain. C'est le style, en effet, qui rend célèbres les hommes qui s'adonnent à la culture des lettres. C'est le style qui élève l'écrivain au-dessus de ses semblables, qui lui donne l'empire et la renommée dont il jouit pendant la vie, et la gloire qu'il conserve après sa mort. Si les conquérants, les fondateurs d'empires, les bienfaiteurs de l'humanité, qui ont disparu depuis des siècles de la scène du monde, ont parmi nous une célébrité si grande, c'est parce que leurs victoires, leur génie ou leurs bienfaits mémorables, ont été loués et célébrés par des écrivains illustres.

La lecture d’autres auteurs peut être considérée comme la source de tous les procédés d’assimilation du style que définissons comme étant la forme de l'expression, c'est-à-dire la manière dont la pensée est exprimée. Or, une forme est plus ou moins belle, plus ou moins agréable : elle est simple, noble, élégante, riche, magnifique, sublime; ou bien elle a peu de beauté, elle est grossière, elle n'existe pas en quelque sorte. Il en est ainsi du style. Pour que le style soit beau, agréable, clair, naturel, des conditions sont nécessaires...