Aujourd’hui, l’expérience spirituelle personnelle a le vent en poupe. N’y a-t-il pas risque de dévoiement voire de malentendu ? Car certes l’expérience dite spirituelle relève de l’intime. Pour autant les sagesses religieuses ont toujours tenté de mettre en relation expérience personnelle et communauté. Dans le christianisme, en particulier il n'y a pas d'expérience spirituelle authentique sans relation à autrui et à la tradition.

Les personnes dites mystiques sont les premières à percevoir le risque du subjectivisme. Pour preuve la méfiance que bon nombre d’entre elles manifestent à l’égard de leurs propres élans mystiques, au point d’en parler avec grande réticence et prudence.

Dans la Bible l’expérience spirituelle se trouve du côté de la relation à Dieu. Les Évangiles pour leur part, présentent une expérience de Dieu qui ouvre au monde pour s’y engager, à la suite du Christ.

Dans les Exercices spirituels, Ignace de Loyola pousse la dimension subjective de l’intériorité et tout en même temps propose des médiations indispensables : la Bible, l’accompagnateur-trice spirituel-le, les sacrements, la foi de l’Eglise. Sans médiations, nous risquons de nous égarer au point de nous ériger en nouveau prophète ou à l’inverse au point d'accorder notre confiance à un gourou.

Dans ce dossier, nous avons fait appel à des artistes : peintres, poètes et écrivains. Ils nous livrent en des textes brefs et suggestifs un angle renouvelé sur l’expérience intérieure.

Ont contribué entre autres à ce numéro : Alain Cugno (philosophe et spécialiste de saint Jean de La Croix), Dominique Salin (historien de la spiritualité), Joëlle Ferry et Dolores Aleixandre (biblistes), Bruno Cadoré (ancien maître de l’Ordre des Dominicains), Vincent Decleire (musicologue), Jean-Pierre Boulic (poète), Anne Le Maître (peintre), Janique Perrin (pasteure protestante).