L’un des phénomènes les plus intéressants que présente la surface de notre globe, c’est la répartition des régions favorables à l’existence de l’homme, et de celles dont il est plus ou moins exclu, en dépit de leur situation géographique. Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’immense étendue des régions inhospitalières. Mais, tandis que plusieurs des régions, désertes aujourd’hui, ne l’ont pas toujours été, et par conséquent pourraient devenir habitables de nouveau, parce que leurs conditions physiques n’ont pas été sensiblement altérées, il en est d’autres où ces conditions ont subi des modifications trop graves pour que l’homme puisse s’y soumettre, en sorte que ces contrées sont condamnées à être des solitudes perpétuelles.
Parmi toutes les régions désertiques de notre globe, le Sahara est sans doute la plus importante, non-seulement par son étendue, mais aussi par son passé et son avenir. C’est sous ces divers points de vue que j’essaierai d’étudier le Sahara, dont j’ai eu l’occasion de visiter moi-même une partie. La délimitation de la vaste contrée qui porte le nom collectif de Sahara a été diversement tracée par les géographes. Je ne rapporterai que l’opinion des auteurs les plus récents et les plus compétents. Le professeur Zittel admet pour le Sahara les limites suivantes : au nord, l’Atlas et la côte méditerranéenne ; à l’ouest, l’Atlantique ; à l’est, la chaîne bordière de la Mer-Rouge ; enfin, au sud, la limite est peu prononcée et pourrait être représentée par une ligne partant de l’embouchure du Sénégal et passant par Tombouctou, Gogo, Damergu, à travers la partie septentrionale de Kanem jusqu’à El-Dabbah et Abou-Ham. Cette ligne comprend la région où les précipitations aqueuses trop faibles empêchent le développement d’une riche végétation, et où la surface du sol est généralement composée de roches nues ou de sable. L’énorme superficie assignée au Sahara par M. Zittel représente plus de 11 millions de kilomètres carrés ; elle serait donc supérieure à celle de l’Europe, et presque la moitié de celle de l’Afrique. Elisée Reclus évalue la surface du Sahara à 6.200.000 kilomètres carrés, mais en en retranchant le Fezzan, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et les steppes qui longent les régions fertiles du Sahara. Pris dans de telles limites, il donne au Sahara de l’est à l’ouest, c’est-à-dire des bords du Nil à ceux de l’Atlantique, 5.000 kilomètres, et du nord au sud, c’est-à-dire du pied de l’Atlas berbère jusqu’aux cultures du Soudan, 1.500 kilomètres. Le Sahara ainsi réduit serait encore plus grand que la moitié de l’Europe et équivaudrait presque au quart de l’Afrique. Dans l’impossibilité de concilier des divergences aussi considérables, nous adopterons provisoirement l’évaluation d’Elisée Reclus, mais en comprenant l’Egypte dans le nom collectif de Sahara, parce que l’Egypte se rattache insensiblement aux vastes surfaces sablonneuses désignées par le nom de Désert libyen ; or, celui-ci touche immédiatement à la rive gauche du fleuve, qui, avec ses bords verdoyants, serpente comme une bande d’émeraude au milieu des sables du désert.
Editeur : Editions Le Mono
Publication : 7 février 2022
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB]
Contenu(s) : ePub, Mobi/Kindle, WEB
Protection(s) : Marquage social (ePub), Marquage social (Mobi/Kindle), DRM (WEB)
Taille(s) : 156 ko (ePub), 514 ko (Mobi/Kindle), 1 octet (WEB)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3872, 3067
EAN13 Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB] : 9782381113166
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