Chronologiquement parlant, le Coran n’a créé ni la langue ni les lettres arabes. Et pourtant, dans l’éclat formidable de son coup de tonnerre et par les échos infiniment multipliés qu’il déchaîna, il a renouvelé, structuré, diffusé le vieux langage, exalté sa littérature et créé, au plein sens du terme cette fois, une civilisation. Le texte fondamental de la littérature arabe affirme les droits et devoirs d’une compréhension mutuelle entre Arabes ; il impose que la noblesse, en matière de savoir, passera par la seule langue qui la confère et il va assigner à ses expressions futures l’obligation de se fonder sur cette voix de la vieille Arabie qu’il a portée à sa forme suprême : l’arabe littéral, littéraire, classique. Langue et littérature arabes classiques sont ainsi le signe, le miroir et la conscience d’un monde qui se veut percevoir comme global et un, et dont l’histoire se lit à travers la leur.