On ne saurait résumer Mario Mariani. Ce n’est pas une histoire, et ce n’est pas un personnage. Les actes de Mariani ont beau se préciser, les témoignages peur ou contre s’ajouter — jusqu’aux jugements du Tribunal — la conduite de Mariani est un vivant débat où la créature apparaît et se défait selon ce qui est dit et accompli et bien au-delà. Mariani est-il un thérapeute original ? Un sage ? Un séducteur ? Un escroc ? Il ferait fi de ces qualificatifs. Il est le héros d’un monde où chacun devient la proie de commentaires multiples et brise d’autant plus ses mesures. Ainsi malaxé — réel et défiguré — il ne peut chercher le bien, mais mieux au-delà de la moralité. Il n’y a pas de barème « sur mesure ». Et il n’y a pas d’histoire « individuelle ». La femme de Mariani, la jeune fille qui l’a aimé, les malades qu’il a sauvés ou abandonnés, le couple qui tente de le retrouver, tous sont la proie de débats analogues — quoique singuliers. Des actes apparemment séparables dans le temps et l’espace s’alourdissent soudain, ont même résonance — sans qu’il y ait chronologie, rapport de cause à effet. Chaque histoire se joue indéfiniment. Et voici qu’apparaît — dans un extraordinaire suspense propre au roman — toute créature. Une œuvre efficace. On ne peut plus s’en défaire après…