La négrophobie sous le projecteur de l’humour nègre : tel est le sujet de ce livre qui excite la curiosité et retient l’attention de la première à la dernière page. Cet indigène qui débarque à Paris pour la première fois, serait passé inaperçu si, à la suite d’un embouteillage monstre à un carrefour, un agent de police n’avait pas assorti d’un nom bien adéquat, que d’abord tout le monde prendra pour son nom de baptême, sa qualité d’indigène bon teint et de bonne race. Grâce à ce surnom, malgré lui, notre nègre fera en quelques jours figure de grande vedette. Mais quand sera dévoilée par un important personnage, la qualité du héros, à la popularité, s’ajoutera une véritable vénération venant droit du cœur, notamment de ceux qui auparavant soufflaient leur mépris congénital sur sa peau. À première lecture, sous le don du conteur, la finesse de l’humour et le charme du style, on rit à gorge déployée. Mais en réfléchissant, on voit derrière le voile de l’imagination de dures réalités que l’auteur, Noir guadeloupéen, a connues ou vécues en Métropole et au cours de ses nombreuses tournées à travers le continent africain. On sent enfin qu’il est tout juste temps de mettre un terme à « ce mal détestable », suivant la dénomination d’un blanc anglais, sir Alan Burns, si nous voulons sauver le plus précieux des biens qui nous reste : l’amitié de la France avec nos « bons » Noirs, dont on a trop tendance à exploiter la bonté naturelle.