Ce livre constitue un témoignage émouvant sur un aspect peu connu de la guerre d’Algérie. Le capitaine Ritter est un officier d’Affaires indigènes affecté récemment dans un secteur de montagne où l’emprise rebelle est particulièrement profonde. Il est chargé d’y créer une zone de pacification en ralliant le plus grand nombre par la persuasion si possible. Enthousiaste, possédant une connaissance étendue des Musulmans, il tente tout d’abord de reprendre le « contact perdu » avec l’aide d’une équipe de fidèles qu’il s’est constituée et dont l’élément principal est un maire musulman, autrefois caïd. Ses efforts ne connaissent qu’un succès relatif. Il ne perd pas courage cependant, et à la faveur de la mise en place — au prix de mille difficultés — du nouveau système communal auquel il se consacre avec acharnement, il reprend espoir. Mais le F.L.N., qui a senti le danger, réagit brutalement pour stopper les réformes en cours d’application. De leur côté les forces de l’ordre, pour répondre au durcissement de l’adversaire, redoublent de sévérité. Il en résulte un climat tragique d’où toute humanité disparaît bientôt. Les espérances de Ritter s’amenuisent pour faire place à des illusions fragiles qui seront balayées à leur tour par le fanatisme accru des rebelles et l’incompréhension de l’Armée qui, elle, fait la guerre ! Critiqué, pris à partie, menacé même, Ritter n’en restera pas moins inébranlable dans son rôle de protecteur du « plus faible », du « meskine », du misérable, balloté au gré de l’humeur de chacun, égorgé par les uns, malmené par les autres et suspecté par tous alors qu’il ne demande qu’une chose : survivre… Inaccessible aux attaques d’où qu’elles viennent, refusant de s’incliner, le capitaine sera éliminé peu après l’explosion du 13 mai et quittera l’Algérie convaincu, malgré tout, que la maladie de cœur dont elle souffre l’emportera tôt ou tard !