L’appel des hauts ! Qui ne l’a pas entendu, n’a pas vécu. Soudain, comme l’aigle en chasse, il descend avec le vent des crêtes. Et, tout à coup, il est là. On le reconnaît à la lumière qui change, au goût plus âpre de l’air, au chant plus grave des sapins. C’est plus fort que soi. Les muscles se durcissent. Les veines se gonflent. Et l’on s’en va, les yeux dans le soleil, assouvir sa faim de conquêtes. Alors, c’est l’émerveillement de la grande aventure, la découverte d’un monde secret qu’habite une race d’invaincus, que hante le plus noble des gibiers. L’Alpe est une arène de géants, qui aiment ou haïssent comme ils chassent, comme ils se battent, avec toute la violence d’un sang rouge. C’est le pays de la grandeur. C’est aussi un temple. Car, dans un cadre aussi puissant, Dieu est la seule présence que l’imagination puisse concevoir.