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Résumé

C'est nous qui ne comprenons pas, parce que nous sommes toujours dans les bas-fonds de notre intelligence. Il suffit de monter jusqu'aux premières neiges de la montagne, et toutes les inégalités s'aplanissent sous la main purificatrice de l'horizon qui s'ouvre. Quelle différence y a-t-il alors entre une parole de Marc-Aurèle et la phrase de l'enfant qui constate qu'il fait froid? Soyons humbles et sachons distinguer l'accident de l'essence. Il ne faut pas que « des bâtons flottants » nous fassent oublier les prodiges de l'abîme. Les pensées les plus belles et les idées les plus basses n'altèrent pas plus l'aspect éternel de notre âme que les Himalayas ou les gouffres ne modifient, au milieu des étoiles du ciel, l'aspect de notre terre. Un regard, un baiser, et la certitude d'une présence invisible et puissante : tout est dit ; et je sais que je suis aux côtés d'une égale...

Mais l'égale est vraiment admirable et étrange ; et, dès qu'elle aime, la dernière des filles possède quelque chose que nous n'avons jamais, parce que, dans sa pensée, l'amour est toujours éternel. Est-ce pour cette raison qu'elles ont toutes, avec les puissances primitives, des rapports qui nous sont interdits? Les meilleurs d'entre nous se trouvent presque toujours à de grandes distances de leurs trésors de la seconde enceinte ; et, lorsqu'un moment solennel de la vie exige un des joyaux de ce trésor, ils ne se souviennent plus des sentiers qui y mènent, et ils offrent en vain des bijoux faux de leur intelligence à la circonstance impérieuse et qui ne se trompe pas. Mais la femme n'oublie point le chemin de son centre, et, que je la surprenne dans l'opulence ou la misère, dans l'ignorance ou dans la science, dans la honte ou la gloire ; si je lui dis un mot qui sorte réellement des gouffres vierges de mon âme, elle saura retrouver les sentiers mystérieux qu'elle n'a jamais perdus de vue, et, sans hésitations, elle me rapportera simplement, du fond des inépuisables réserves de l'amour, une parole, un regard ou un geste qui sera aussi pur que le mien. On dirait que son âme est toujours à portée de sa main ; elle est prête, jour et nuit, à répondre aux plus hautes exigences d'une autre âme ; et la rançon de la plus pauvre ne se distingue pas de la rançon des reines...

Maurice Maeterlinck a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1911.

Auteur

  • Écrivain belge d'expression française, Maurice Maeterlinck est né à Gand (Flandre orientale) le 29 août 1862. Il prend part au mouvement symboliste et publie de nombreux romans, drames et poésies avant d'écrire, à partir de 1896, sur la destinée humaine (Le Trésor des humblesLa Sagesse et la Destinée) et sur la vie des animaux (La Vie des abeilles). Devenu célèbre et riche, il vient vivre en France. En 1911, il obtient le prix Nobel de Littérature pour l'ensemble de son oeuvre. Son livre intitulé La Mort (1913), où il traite de la vie et de la mort d'un point de vue nettement contraire à la dogmatique catholique, lui vaut en 1914 la mise à l'Index de ses oeuvres. Il meurt le 5 mai 1949 dans sa grande propriété «Orlamonde» de Nice.

Auteur(s) : Maurice Maeterlinck

Caractéristiques

Editeur : Editions Le Mono

Auteur(s) : Maurice Maeterlinck

Publication : 27 mai 2021

Edition : 1ère édition

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB]

Contenu(s) : ePub, Mobi/Kindle, WEB

Protection(s) : Marquage social (ePub), Marquage social (Mobi/Kindle), DRM (WEB)

Taille(s) : 219 ko (ePub), 747 ko (Mobi/Kindle), 1 octet (WEB)

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 3442

EAN13 Livre numérique eBook [ePub + Mobi/Kindle + WEB] : 9782381112534

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