La communauté juive du Maroc a été l’une des plus nombreuses au sein du monde arabo-musulman. L’une des plus anciennes aussi puisque son existence date de l’époque romaine. Sur le plan social, elle s’était presque bien intégrée, paradoxalement sans doute à cause de son statut de dhimmi qui l’a conduit à organiser son activité en dehors de tout le champ politique et autour d’institutions communautaires. Comment alors comprendre et évaluer le drame vécu par le déracinement d’avec une terre où les souvenirs et les traditions orales n’ont fait que renforcer au fil des siècles les liens d’amitié avec la communauté marocaine musulmane. L’exode a bien eu lieu. Il s’est déroulé en moins de deux décennies. Il a été le résultat de facteurs sociaux et politiques qui se sont conjugués pour aboutir à la disparition graduelle et inexorable de la vie juive au Maroc. Cette étude n’a d’autre prétention que d’apporter au profane une explication sur les difficultés d’intégration de la communauté juive marocaine et sur les raisons « objectives » de son départ du Maroc au début des années cinquante. Mais aussi d’apporter quelques éléments de réflexion concernant les problèmes d’intégration sociale des minorités ethniques, religieuses ou nationales en général.