Ce livre se lit d’une seule traite. Quand on est entré dans l’univers envoûtant des Malet, on ne les quitte plus. La même passion brûlante colore les relations des héros. Mais l’amour souffle où il veut. Il les conduit parfois vers le même « autre ». Ces rapports sont décrits à la fois avec pudeur et sensualité. Ils sont vécus par les partenaires dans une totale innocence, à l’encontre des attitudes sévères et culpabilisantes de leur entourage. L’amour est la puissance qui anime les personnages, un « amour qui rejoint l’Infini ». L’auteur n’hésite pas à franchir « les rassurantes frontières du monde des apparences ». Le thème de la mort accompagne celui de l’amour. La mort est acceptée : héroïsme, esthétisme chez les uns, stoïcisme chez les autres mais toujours aboutissement d’un long et douloureux itinéraire spirituel et d’une souffrance transcendée. Comme la grande marée d’équinoxe qui modifie le cours des rivières dans la baie du Mont St-Michel où est situé le domaine familial, après la Révolution de 1789, les événements de 1939, à leur tour, bouleversent la vie des Malet et les dispersent. Mais après le déferlement des eaux, la mer redevient étale, et l’ouvrage se termine dans la paix et la plénitude. Cette œuvre évoque pour moi ces paroles de Rainer Maria Rilke : « Tous les dragons de nos vies ne sont peut-être que des princesses qui attendent de nous voir beaux et courageux. Toutes les choses terrifiantes ne sont peut-être que des choses sans secours, qui attendent que nous les secourions. » Extrait de la préface d’Odette Thibault