Landru et le docteur Petiot sont restés dans toutes les mémoires, mais pas leur contemporain Bernardy de Sigoyer. Ce n’est qu’un mystère de plus dans cette affaire qui défraya la chronique de l’immédiat après-guerre et dont Me Vésinne-Larue disait : « Elle est la plus troublante, la plus inquiétante que l’on aura jamais vue aux assises. » Aucun romancier, aucun scénariste n’aurait osé imaginer un tel personnage ! Alain, Jules, Antonin, Romain, Louis, Gaspard, Sinéty de Bernardy de Sigoyer a fait tous les métiers : aide-comptable, maître d’hôtel, chauffeur de maître, magicien, écrivain, homme d’affaires, restaurateur, et j’en passe ; il a commis tous les méfaits : escroc, faussaire, trafiquant d’armes, collaborateur des Allemands, kidnappeur, assassin. Et aimé les femmes, toutes les femmes, toujours plusieurs à la fois, parfois la mère en même temps que la fille, ici et là fait des enfants. Il a simulé ou revendiqué la folie, connu l’asile psychiatrique et la prison, vécu dans le dénuement et fait fortune pour finir sur l’échafaud. Depuis longtemps fasciné par son héros, c’est après avoir eu connaissance du dossier d’assises, écouté les souvenirs de témoins, consulté les archives que René Vigo a pu ainsi faire revivre un personnage flamboyant, amoral, inquiétant mais surtout séduisant et une époque trouble, dans un livre dont le romanesque doit tout à la vérité.