Je m’interroge sur le sérieux de notre défense car je ne peux être que perplexe sur notre capacité à faire la guerre. Celle-ci réclame en effet une foi, une conviction que je ne vois pas répandues dans les sphères de la politique et de la haute administration que j’ai fréquentées. J’y ai plutôt rencontré une jungle aux appétits égoïstes qu’un temple de la ferveur au service d’une Idée. Au contraire mes camarades de combat se sont toujours battus avec un sentiment patriotique irrécusable. Le drapeau pour nous avait un sens... Avec moins de 4 % du Produit National Brut (PNB) consacré aux dépenses militaires, on ne peut pas avoir des armées performantes dans tous les domaines. Il faut choisir entre telle ou telle capacité de combat et annoncer clairement ce qu’on ne peut pas continuer à faire ou alors consacrer plus d’argent à notre défense. Puisque notre dissuasion n’est pas conçue pour servir, il faut avoir un concept d’utilisation des armes tactiques qui fasse réfléchir l’ennemi ; il faut que celui-ci soit convaincu d’exposer ses forces à des dangers redoutables s’il nous menace dans nos intérêts essentiels... En tout état de cause, sachons que nous ne ferons pas de nouvelles économies sans tort significatif à telle ou telle armée ; aussi, choisissons nettement ce qu’il convient de sacrifier. Les militaires aiment savoir où ils vont, nous leur devons cette vérité et c’est bien là le rôle du politique.