Les Pays qui n’ont pas de mémoire sont condamnés à mourir de froid. Roger Richard le sait mieux que quiconque. Né à Saint-Michel-en-Plouguerneau, à deux pas de l’ermitage de Michel Le Nobletz, sous les rochers du Dolenn, il est nourri des légendes et des traditions de ce pays de « Mémoire ». Enfant, de sa fenêtre, « il a reconnu tous ces visiteurs de novembre et surtout celui-là roulant derrière la maison sa cargaison de galets phosphorescents... » Il a croisé dans les chemins de sable le prêtre fou - ar beleg foll - qui conversait avec les vents. Il s’est brûlé pour toujours à son regard mystique... Longtemps il a accompagné Aziliz, l’enfant sauvée des eaux, portant dans son sabot la braise mourante sous les glaces de l’oubli... Il a vu, jour de pardon, les trois soleils se lever sur les eaux pures du Korrejou... « le ciel noir jetant à pleines mains le sable sur le pays... » Le regard du prêtre fou brûle encore par les chemins d’ici. La braise est bien vivante dans le sabot d’Aziliz. Roger Richard a réchauffé notre mémoire. Nous ne sommes pas prêts à mourir de froid... Goulc’han Kervella