On est de Picardie, comme on est de Bretagne ou de Poitou-Charentes. On appartient à une région, à une terre qui porte en elle les racines de chaque personnalité, de chaque identité et qui, forte de ses caractères propres, fait qu’on est d’ici, et pas d’ailleurs. On est de telle ou telle région. La Région ? Une institution désormais réalité, au même titre que la commune et le département. Une institution (Conseil Régional et Comité Économique et Social) qui intervient de plus en plus au service des citoyens et qui revendique davantage de pouvoirs et de moyens. Pourtant, c’est encore un échelon d’administration que les citoyens connaissent mal. En 1992, les Français seront appelés à renouveler leurs assemblées régionales. Il a paru opportun de nous pencher sur cette réalité régionale en terre picarde et de mieux connaître cette « politique » qui vise au développement de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme. Terre « où l’Histoire de France semble entassée », selon le mot de Michelet, mais tournée vers l’avenir et ouverte à l’Europe. Charles Baur, Président du Conseil Régional et Député européen, est celui qui, depuis la naissance de l’institution régionale, a le plus longtemps servi les Picards : neuf années au total. Plus que tout autre, il a donc imprimé sa marque à la Picardie. Jacques Coquelle, journaliste, depuis deux décennies est le plus ancien observateur à suivre l’évolution de la Région. Il est donc bien placé pour conduire ces entretiens avec Charles Baur. Analyste soucieux du détail, historien, il s’était déjà penché sur l’évolution bimillénaire de son berceau vermandois. Pour ses ouvrages sur « La mémoire de Vermand », il a d’ailleurs reçu le Prix Georges-Goyau d’histoire 1990 de l’Académie française, avec médaille d’argent.